Histoire d’une ligne
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Histoire d’une ligne
Une préoccupation majeure et continue de mon activité d’artiste est la compréhension de l’abstraction par le public aujourd’hui.
Les signes plastiques, les figures, les matériaux, les supports, les gestes, la temporalité et le mode de fabrication sont autant d’éléments qui agissent de façon subliminale sur le spectateur. Il suffit de discuter avec lui, et il s’aperçoit qu’il donne un nom aux choses, aux énergies, et qu’il commence à comprendre.
Or Art Dialogue a la vocation de faire dialoguer le spectateur et l’oeuvre d’art. Des carnets sont disposés dans la ville, et une phrase inaugurale doit être écrite de la main de l’artiste.
Ma pratique de l’enseignement connaît la difficulté à motiver les personnes si aucune contrainte ne leur est donnée, contraintes à prendre comme des règles du jeu. Je trouve plutôt bloquante la liberté offerte au passant à parler de l’œuvre sans le guider.
Il y a quelques années, j’avais conçu un cours d’initiation à l’abstraction, qui consistait à réaliser, sur une feuille de format libre, un point, une ligne, un carré, une tache, et de les mettre en relation les uns avec les autres.
Le travail fait, chaque élève devait chercher dans cette représentation qui il était : le point, la tache, le carré, la ligne, ou le support blanc, et ensuite raconter une histoire en définissant ce que pouvaient être les autres éléments, sa relation à eux, leur relation entre eux.
J’ai donc repris ce jeu, et proposé au passant de dessiner en utilisant les mêmes figures que je me proposais de peindre : une ligne, un carré, une tache, un point.
J’ai voulu faire une ligne qui parcourrait la ville, en quelques étapes, de la Poste au Marché. Cette ligne se raconte en plusieurs tableaux, elle rencontre des carrés, des points (des X), des taches. Et tout cela sur un support de la couleur du mur, avec des parties vierges qui donnent un sens à la transparence de la toile.
Corine Sylvia Congiu
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